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Amphi réalité

21 octobre 2015

Réformes

reforme_orthographe

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29 septembre 2015

Le discours de la méthode

En ces jours de rentrée, je crois de mon devoir sacré d'aborder dans l'intérêt supérieur des étudiants un point difficile, la « méthode » de travail. Bien des échecs de l'aveu même des principaux concernés résultent de problèmes de « méthode ». Aussi faut-il toute la subtilité et la délicatesse que me confère ma longue expérience pour m'expliquer.

Alors, voilà ! J'essaie de perdre un peu de poids, disons 10, enfin plutôt 15 kilos. Je vais donc voir un professionnel dûment diplômé, un médecin nutritionniste qui me conseille – qui l'eût cru ? – de manger équilibré, de faire régulièrement de l'exercice, on se revoit dans trois mois et ça fait 65 euros, non je ne prends pas la carte vitale.

Je rentre donc chez moi avec de bonnes résolutions. Mais pour l'heure, je décide d'enterrer ma vie de gros par un dernier accroc (la cigarette du condamné en quelque sorte) au régime spartiate que je suivrai à la lettre... dès le lendemain.

Bière et chips, ah merde ! Il y a plus de chips, chérie où t'as rangé les cacahuètes ?

Crunch, miam, gnourg, glop, glop !

Le lendemain soir, après une rude journée de travail et quelques contrariétés, je me dirige un peu machinalement vers le frigo quand je me ravise. Eh non, le régime ! Bah, finalement, je le commencerai ce week-end, autant le faire coïncider avec ma première séance d'exercice.

Gnourf, crunch, miam, miam, glop, glop !

 Mais le week-end, pas de chance, il pleut. D’un côté, il faudrait que je m’y mette, mais de l’autre, je vais quand même pas courir sous la pluie. Courir, c'est déjà assez chiant comme ça. Allez, une petite bière pour me consoler, je suis quand même vachement déçu, je crois que je l’ai bien méritée.

- Chérie, où t'as mis les bières ? Y en a plus dans le frigo !

Ma chérie me répond qu'il n’y en a plus du tout, en fait. Avec la lessive, elle n’a pas eu le temps de faire des courses.

- Putain ! Mais il faut que je fasse tout moi-même dans cette baraque. Si ça tombe, c'est ton fils qui boit en cachette. Ah, le petit salopard ! Elle est belle la jeunesse, tiens, après tout ce que j'ai fait pour lui. Maintenant, je vais être obligé de boire du coca avec le camembert ! Pas glop, pas glop, gnourf, gnourf, crunch, miam ! Finalement, c'est pas si mal le coca avec le camembert, à condition évidemment d'y mettre un peu de Nutella.

Au bout de quelques semaines, je me dis que le rendez-vous avec le nutritionniste approchant, il faudrait quand même que je m'y mette un peu, à l'exercice, d'autant qu'au niveau régime, je ne suis pas encore au top. Mais l'idée m'agace.

- Mais c'est qu'il commence à m'emmerder avec son exercice, celui-là. Pour qui il se prend ce mec ! De l'exercice, comme si j'avais que ça à foutre. Je bosse moi, môssieur le nutritionniste de mes deux ! Déjà qu’il gagne trois fois plus que moi pour conseiller à des blondes de manger du 20 % de matières grasses plutôt que du 40 % pendant que moi je m’efforce d’expliquer à des boutonneux gras du bide les subtilités de l’équation locale de conservation de la masse avec force intégrale triple et autre opérateur divergence, putain, l’autre avec sa thèse de doctorat « carottes et petits poix » !

Au bout des trois mois, je me rends à mon rendez-vous pas plus rassuré que ça. J'ai quand même couru un peu le week-end dernier mais j'ai eu vite mal aux genoux, je me demande bien pourquoi. Enfin, ça devrait le faire quand même.

- Mais cher monsieur, vous étiez censé perdre du poids, pas prendre 5 kilos !

- Ah docteur, je crois que j'ai des problèmes de méthode.

18 août 2015

Diplôme d'ingénieur à Bollywood (extrait de "Amphi réalité", en vente chez tout bon libraire)

Pour peu que vous soyez un minimum ouvert d’esprit, vous apprécierez sans doute le cinéma Bollywood. Curieusement, il n’est pas bien populaire en France. Certes, il y a beaucoup de déchet (c’est le moins qu’on puisse dire) mais il y aussi quelques perles. Il faut évidemment accepter leurs codes. D’aucuns diraient « c’est kitsch ! ». Mais non, rien compris, c’est Bollywood. Alors oui, ils étalent ostensiblement leurs sentiments au point qu’on peut trouver ça impudique. Oui, les hommes pleurent parce qu’ils sont séparés de leur maman (cf. « Khabi Khushi Khabie Gham »). En général, les acteurs sur-jouent un peu et les films sont longs, trois heures est le tarif standard. Pour vous donner envie d’essayer un peu, voilà un nouveau pitch inspiré de « Mohhabatein » réalisé par Aditya Chopra, avec la belle Aishwarya Rai, Shah Rukh Khan et Amitabh Bachchan, rien que des monstres sacrés de Bollywood.

Alors voilà, Raj Meyer et Arjun Duval sont étudiants dans une école d’ingénieur en première année. Ils suivent le cours de physique d’Eddie Shankar, un veuf cinquantenaire qui dirige son département d’une main de fer. Il voue un culte très traditionnaliste aux déesses Mathématiques et Physique qu’il adore avec déférence et vénération. Il enseigne ainsi les préceptes de son culte avec fermeté, rigueur et exigence de l’excellence. Seulement voilà, la société est en plein bouleversement et lesdites déesses n’intéressent plus personne dans l’amphi, « Ah ! La bande de petits salopards » pense Eddie Kapoor qui résiste comme il peut au déclin de sa société.

Par ailleurs, Eddie Johar a une fille unique, Anjali, (dans les films Bollywood, les vieux parents ont toujours un enfant unique, tu te demandes comment ils font pour être presque 1,3 milliard). Et elle plaît bien à Raj et Arjun, faut dire qu’elle est bien gaulée. Quand elle danse, c’est sexy en diable !

 Et là, après la mise en contexte, le premier élément important du scénario, voilà que débarque un  jeune prof, Guillaume Khan, aux idées progressistes et modernes qui met le feu à l’amphi, en encourageant ses étudiants à la liberté et à la joie de vivre. Première grande scène chorégraphiée, en plein cours d’algèbre, il se met à chanter et le cours finit en immense chorégraphie bollywoodienne avec force pas de danse, saris et autres chevillières.

Après six minutes de chants et danses endiablées, voilà que débarque Eddie Chopra en pleine fête bollywoodienne ! Evidemment, stupeur, tout l’amphi se fige et là, gros plan sur la figure du commandeur aux yeux réprobateurs et incendiaires et coup de tonnerre dans la bande son, au sens propre (procédé classique).

« आप स्थापित के की भावना का अपमान किया है»

en VF, ça donne,

«  Vous avez déshonoré l’esprit de cet établissement ».

Suit un long discours sur les vertus de l’excellence, de l’abnégation et tout ça !

Comme Guillaume Khan résiste un peu et s’efforce de s’expliquer, Eddie Advani met fin à la conversation d’une baffe magistrale quand Guillaume lui explique qu’il est complètement has been, en fait.

 

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Amrish Puri, dans "Dilwale Dulhania Le Jayenge", 1995, déjà de Aditya Chopra, un classique parmi les classiques. Le film a été projeté vingt ans d'affilée en Inde et n'a été retiré que tout récemment, début 2015. Yash Raj Films.

Un procédé classique à Bollywood, on voit la raclée sous différents angles pour bien accentuer l’intensité dramatique de la scène, avec un bruitage comme s’il lui décrochait la mâchoire.

Entretemps, évidemment, Anjali est tombée amoureuse de Raj mais c’est pas réciproque, ben non ! C’est Arjun qui aime Anjali. Un autre classique dans le cinéma Bollywood, le triangle amoureux avec tous les quiproquos que ça entraîne.

 

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Rani Mukherjee (à gauche), Shah Rukh Khan et Kajol dans « Kuch kuch hotai hai ». Le triangle amoureux my-thi-que. Anjali aime Rahul qui aime Tina. Si vous voulez savoir qui est Anjali et qui est Tina, il faudra voir le film. Vous pouvez aussi regarder sur Wikipédia, mais ce serait vraiment dommage ! Dharma Productions.

 Mais à la fin, ça s’arrange, en fait. Anjali se rend compte qu’elle croyait être amoureuse de Raj et elle découvre en Arjun, l’ami fidèle, le type bien avec qui elle sera heureuse. Oui, mais voilà, Eddie Malhotra n’approuve pas cette union. Il faut dire qu’Arjun est complètement nul en algèbre, le sagouin.

 Et évidemment voilà que Guillaume s’en mêle parce qu’il a quelque chose d’Amélie Poulain, le bougre. Faut bien dire que Bollywood s’inspire souvent du cinéma étranger dont il produit de nombreux remakes. Mais on s’en fout, les remakes sont souvent mieux que les originaux.

 Une scène forte : huis clos entre Eddie Roshan et Guillaume Khan qui lui dit ce qu’il a sur le coeur. Certes, le vieux censeur est honnête et intègre, convaincu de son bon droit mais en défendant son système passéiste, il fait le malheur de sa fille et accessoirement, il dégoûte ses étudiants du culte des déesses Mathématiques et Physique. Ils se quittent là, sur ce jugement (coup de tonnerre en fond dans la bande son, encore une fois) et Eddie Mukherjee reste là interdit, pour la première fois dans la regard une lueur d’interrogation qui préjuge, — qui sait ? —, d’une prochaine introspection.

 Après de multiples rebondissements, retournements de situation et chorégraphies tantôt très traditionnelles ou carrément disco (eh oui, curieux mélange des genres, mais c’est comme ça à Bollywood), nous nous retrouvons à la scène finale où Anjali et Arjun viennent chercher la bénédiction paternelle que le vieux prof raide et strict leur refuse obstinément. Et Guillaume Kahn qui observe en embuscade.

 Scène finale d’une rare intensité émotionnelle !

Eddie Zinta prend la parole et ne peut s’empêcher de fourguer son discours traditionnaliste, valeur de travail, exigence, excellence, etc.

Mais petit à petit, tu vois tant dans son discours que dans sa gestuelle, il commence à baisser la garde.

En s’adressant à Anjali, l’émotion finit par le submerger et il ouvre enfin les écluses de son cœur en avouant :

 « मुझे लगता है मैं सिर्फ मैं नहीं बता सकता है कि आप इतना मेरी बेटी को प्यार करता हूँ, तुमसे प्यार करता हूँ »

 Et voilà qu’il enlace sa fille et Arjun qu’il réunit enfin dans une émouvante accolade dans laquelle tout le monde pleure sa mère. La caméra ripe sur Guillaume qui écrase aussi une petite larme en coin parce que c’est un bon p’tit gars.

 Enfin, scène finale, fiançailles, henné et une dernière chorégraphie avec force saris et chevillières. Eddie Ray s’adresse une dernière fois à Arjun :

 « Il faudra quand même que tu me revois un peu la réduction des endomorphismes ! ».

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Eddie Bachchan (à gauche), Anjali et Guillaume Khan enfin réconciliés. Dharma Productions.

 

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Aishwarya Rai, Shah Rukh Khan et Amitabh Bachchan. Yash Raj Films.

18 août 2015

Démocratie cyberpunk

Lu dans la rubrique "pixels" de la version en ligne du Monde,

http://www.lemonde.fr/pixels/article/2015/08/17/apple-s-apprete-a-tester-ses-voitures-sans-conducteur_4727670_4408996.html

"Des documents obtenus par The Guardian montrent que le projet de voiture autonome d’Apple, baptisé « Titan », est suffisamment avancé pour que l’entreprise soit à la recherche d’un terrain d’essai. Selon le quotidien, Apple serait en discussion pour utiliser un terrain ultra-sécurisé à proximité de San Francisco."
Après la machine à laver il y a une centaine d'années, l'aspirateur autonome plus récemment, la technologie va toujours plus loin pour nous débarrasser des corvées de la vie quotidienne et a ainsi révolutionné nos modes de vie. C'est donc au tour de la voiture sans conducteur de passer doucement du stade de fantasme cyberpunk à la réalité commerciale. Les pisse-vinaigre et autres esprits chagrins objecteront que ces innovations sont faites essentiellement aux Etats-Unis. "Et le génie français, là-dedans ?". Je réponds aux chantres du french bashing de service, la France n'est pas en reste et propose elle aussi son lot d'innovations qui ne manqueront pas de révolutionner nos modes de vie. Ainsi sommes-nous en tête de la recherche mondiale en matière de démocratie... sans électeur. Si Apple est toujours à la recherche d'un terrain d'essai pour expérimenter sa voiture sans conducteur, ça fait bien longtemps maintenant que la France dispose avec les Hauts de Seine, d'un site expérimental de démocratie sans électeur. Et force est de constater que les expérimentations conduites maintenant depuis deux voire trois décennies se soldent par des résutats très encourageants.
Imaginez-vous un peu, débarrassé de la corvée d'aller au bureau de vote, perdre vos précieux dimanches printanniers dans cet exercice surranné dont vous vous demandez depuis une vingtaine d'années déjà à quoi ça peut bien servir. Vous pourrez désormais passer ces dimanches dans le centre commercial 24 / 24 365 jours par an pour consommer tout votre soûl, écrans plats, smartphones et autres bracelets ou montres connectés. Selon les projections des spécialistes, on s'attend à ce que la démocratie sans électeur soit pleinement opérationnelle en 2022 avec déjà un progrès majeur en 2017. La prochaine grande expérimentation à l'échelle du pays en décembre 2015 devrait confirmer cette tendance lourde.
Alors évidemment, les rabat-joies comme d'habitude viennent nous emmerder avec l'argument selon lequel une démocratie sans électeur n'est plus tout à fait une démocratie. De la même manière que les aficionados de Ferrari, Porsche et autres voitures de prestige ne peuvent envisager d'être privés du plaisir de la conduite. Je dis, allons-nous supporter qu'une poignée de privilégiés qui peuvent se payer ces objets de luxe prive le peuple des sans-dent d'un progrès majeur en matière de confort et de sécurité ? Imaginez cette voiture sans conducteur qui vous transporte sans risque, à la vitesse adéquate, en toute sécurité, qui pense pour vous quasiment et on voudrait vous en priver ? Alors certes, on objectera qu'elle vous transporte en toute sécurité mais vers une destination que vous n'avez pas forcément choisi, la destination déterrminée par les algorithmes du big data où vous êtes le plus susceptible de consommer. Peut-être, mais il faut savoir ce que nous voulons, merde ! Voulons-nous entraver la marche du progrès, l'avance française dans un secteur de pointe ? Non, mille fois non !
La démocratie sans électeur, what else ?
17 août 2015

La physique quantique... selon les époux Balkany

Lu sur le site de France Inter, http://www.franceinter.fr/emission-lunivers-a-portee-de-main-la-naissance-des-mondes-paralleles,

" En 2012, le français Serge Haroche et l’américain David Wineland reçoivent le prix Nobel de Physique pour avoir réussi à prouver, expérimentalement, l’existence de mondes parallèles. Dans ces mondes, régis par les règles de la physique quantique, les objets peuvent faire plusieurs choses à la fois, une particule peut-être un peu partout simultanément et dans des états différents. Serge Haroche et David Wineland ont réussi à prouver par leur expérience que dans le monde du minuscule tout ce qui peut y avoir lieu a lieu simultanément, créant ainsi une multitude de monde parallèles."

Force est de constater que depuis sa naissance il y a une centaine d'années, la physique n'a pas véritablement réussi à vulgariser une de ses conquêtes les plus mystérieuses, la physique quantique. Une particule qui serait partout simultanément, dans une superposition d'états quantiques et qui ne se détermine que lorsqu'on l'observe, voilà qui heurte le sens commun des petites gens que nous sommes. La tentative sans doute la plus célèbre pour frapper les esprits est celle d'un physicien autrichien, Erwin Schrödinger, qui met en scène un chat (le chat dit de Schrödinger) qui serait simultanément vivant et mort puisque son sort est déterminé par une particule quantique dans sa fameuse superposition simultanée d'états. Je sais pas vous, mais moi, j'y comprends rien !

Le hasard du calendrier fait que je me rends compte que le plus grand vulgarisateur de la physique quantique n'est autre que Patrick Balkany, lui-même qui a fêté hier dimanche 16 août ses 67 ans. Après tant de services rendus à la République ou tout au moins à son parti, le voilà donc dans le rôle d'un pédagogue émérite qui nous fait comprendre les subtilités de la science. Je pense qu'on peut l'en savoir gré.

Alors voilà, les époux Balkany sont partout simultanément, à Marrakech, à Saint-Martin, dans leur résidence du Moulin de Cossy et évidemment dans leur commune de Levallois-Peret. Et ils sont simultanément propriétaires et pas propriétaires des résidences qu'ils fréquentent. A la différence toutefois d'une particule élémentaire qui se détermine quand on l'observe, les époux Balkany ne sont plus nulle part quand le Fisc les observe. Mais ce n'est pas la seule surprise que réserve la politique quantique : dans ce monde aux règles étranges, il est parfaitement possible de dépenser quasiment deux fois l'intégralité de ses revenus en menues dépenses concédées aux sans-dent (180 000 euros par an, quand même). Quand on pense que certains juges mal informés enquêtent à Nanterre sur l'utilisation à des fins personnelles de certains moyens municipaux. AInsi, le député-maire est notamment soupçonné d'avoir utilisé l'un des chauffeurs de la mairie à l'occasion de vacances sur l'île de Saint-Martin. Et qu'est-ce que vous faites de la superposition des états quantiques de ce pauvre chauffeur ?

Voilà qui heurte votre sens commun ? La justice heureusement est globalement plus cultivé que certains de ses juges incultes et comprend bien la théorie de la politique quantique. Ainsi vient-elle d'ordonner la saisie de biens qui n'appartient pas vraiment aux époux Balakny mais dont ils pourront toutefois conserver la jouissance. Vous trouvez que c'est quelque peu paradoxal ? Ben, c'est comme ça que fonctionne la politique quantique. Si tout se déroule comme prévu, les époux Balkany seront en droit d'exiger de l'Etat qu'il finance les frais d'entretien (femmes de ménage, chauffeur, jardinier, enfin les sans-dent quoi !) de leur non-propriété et en toute hypothèse, ils devraient ainsi obtenir un crédit d'impôt de l'ordre du million d'euros avec les arriérés.

Ah ! Si jean Tibéri avait connu la théorie de la poltique quantique, il n'aurait jamais été condamné dans l'affaire des faux électeurs de la mairie de Paris. Vous vous souvenez ces électeurs inscrits sur les listes électorales de la mairie de Paris alors qu'ils n'y résidaient pas ! Vous me direz, certains étaient morts. Et alors ? Qu'est-ce que vous faites des électeurs de Schrödinger simultanément morts et vivants ? Vous pouvez me dire ce qui les empêche de voter pour le parti républicain ?

Non, il est grand temps de rendre justice à ces grands serviteurs de l'Etat pour leurs travaux de vulgarisation de la science. Comment ? Par une souscription nationale, par exemple. On en profitera pour solder définitement les frais quantiques de la campagne des présidentielles de 2012. Vous pouvez m'adresser vos chèques. En bonnes espèces sonnantes et trébuchantes quantiques, elles contribueront, simultanément évidemment, à financer mon nouveau cabriolet.

 

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13 août 2015

Science de la transgression… à moins que ce ne soit l’inverse (extrait de "Amphi réalité" en vente chez tout bon libraire)

L’autre jour, un collègue prof de maths me dit entre amusement dépité et colère furibonde qu’un étudiant lui a mis dans sa copie : ½ + ½ = ¼.

« C’est un scandale, un bon élève de 6ème ne ferait pas cette bourde, et c’était mieux avant, etc. ». Evidemment, dit comme ça, ça semble assez affligeant que des étudiants en école d’ingénieur puissent écrire un machin pareil. Mais, à bien y réfléchir, il est parfaitement possible de voir les choses autrement, pour peu bien sûr, qu’on soit un minimum ouvert d’esprit. Car, ainsi énoncé, la question « combien font ½ plus ½ ? » est quand même singulièrement décontextualisée. Eh oui ! Ce qui veut dire que la simple formulation de la question suppose la contextualisation implicite, savoir le problème d’arithmétique classique, voire la soumission servile au formatage des intelligences, la dilution de l’esprit critique ou encore l’avilissement du libre arbitre aux diktats pseudo-démocratiques du totalitarisme de la déclinaison moderne de l’école scolastique.

Car, à bien y réfléchir, un demi pression coûte à ma terrasse préférée entre 2,50 euros et 3 euros. Et un quart de rouge (Bordeaux, par exemple) coûte typiquement entre 5 et 6 euros. Dans ce contexte, j’affirme que, effectivement, ½ + ½ = ¼, au moins approximativement.

Alors, il faut savoir ce que nous voulons. Voulons-nous de jeunes têtes bien pleines, bien formatées par les élites, de bons courtisans qui se moulent dans les formes bien définies par la doxa de la communauté éducative ? Ou bien souhaitons-nous des étudiants libres, créatifs, voire transgressifs qui osent la différence, l’originalité, l’innovation ?

Dans l’exemple précédent, non seulement l’étudiant ose un point de vue original, prend l’initiative d’une approximation qui s’avère assez pertinente et pour tout dire, dans une formule d’un minimalisme quasi post-moderne, interpelle la société sur les paradoxes et contradictions des codes entre le monde académique et les intérêts de la planète finance.

Je dis « chapeau ! ». Voilà qui confine à l’œuvre d’art. C’est comme la copie blanche que m’a remise cette étudiante, la semaine dernière. En dehors de la référence savante à « Carré blanc sur fond blanc » peinte en 1918 par Kazimir Malevitch, cette copie ne dénote-t-elle pas d’un esprit critique, d’une profondeur d’analyse ou encore, d’une liberté de ton qui sort de l’ordinaire ? La problématisation de l’œuvre qui renvoie au questionnement épistémologique fondamental de la place des sciences dans notre société, de la désertification des amphis dans les études de sciences ne témoigne-t-elle pas d’une maturité qui va bien au-delà de la caricature petit-bourgeoise d’un étudiant branleur qu’en font la plupart de mes collègues ? Vous en avez beaucoup vous des étudiants qui font référence au suprématisme de Malevitch ?

Alors, merde ! Faut arrêter maintenant le déclinisme à deux balles. On nous parle depuis des années de transdisciplinarité, de créativité, d’innovation, etc. et voilà des étudiants qui ont clairement une longueur d’avance sur nous, et nous, tout ce que nous trouvons à faire, c’est les infantiliser et les ramener à leur condition de lumpenprolétaire de l’enseignement supérieur !

Chers collègues, soyons sérieux ! Il est temps d’ouvrir les yeux sur les formidables potentialités qu’offre notre époque. Soit dit en passant, la méthode qui consiste à valoriser l’imagination débridée de nos étudiants a quand même vachement optimisé mes durées de correction de mes examens. Une heure trente par paquet de 220 copies ! Comment j’y arrive ? En problématisant mon approche jusqu’à en faire une œuvre d’art dans laquelle je questionne le rapport au temps, dans une perspective relativiste surréaliste. Dans cette optique, je vous invite à ma prochaine performance au cours de laquelle, j’interpellerai le public en ramenant ce temps de correction à carrément zéro pour ouvrir à la question de la singularité et de l’infini. 

6 août 2015

Le drame des surdoués

Le drame des surdoués

 Commentaires

Le gag renvoie à l'invention de l'écriture à Sumer, en Mésopotamie (du grec meso potamos, entre les deux fleuves le Tigre et l'Euphrate) aux alentours de 3500 avant notre ère. Marduk ou Mardouk est le dieu des dieux dans le panthéon mésopotamien et Nabû, dieu du savoir et de l'écriture, est le fils de Mardouk et Sarpanitu. Cette dernière se plaint à son mari que son gamin est obsédé par la tablette d'argile sur lesquelles les scribes écrivaient en écriture cunéiforme. Cette écriture est basée sur le coin que forme un calame (l'outil scripteur de l'époque comme diraient nos Inspecteurs Pédagogiques Régionaux) qu'applique le scribe sur l'argile maléable.

Au-delà de l'anachronisme, procédé classique d'humour, le gag renvoie aussi au sempiternel discours décliniste qui fustige les habitudes des jeunes dont chaque génération prévoit qu'elle va venir à bout de la civilisation, genre, "ah ! cette jeunesse, de mon temps on savait etc.. Tout fout le camp, ma p'tite dame, et."

En mettant en scène (en creux) Mardouk et surtout Sarpanitu présentée ici en ménagère de moins de cinquante ans, le discours décliniste et catastrophiste en est encore davantage désacralisé. On peut se demander pourquoi Mardouk et Sarpanitu n'apparaissent pas sur le dessin. C'est parce que l'auteur bien que génial ne sait pas dessiner et a déjà eu toutes les peines du monde pour représenter à peu près correctement Nabû.

Les puristes noteront que sur la tablette d'argile figurent des caractères de l'alphabet ougaritique bien postérieur à l'invention de l'écriture. Bien qu'anachronique, on appréciera tout de même la précision du propos. D'autres objecteront que si la tablette est représentée en perspective, le dossier de la chaise ne l'est pas, ce à quoi l'auteur rétorque qu'on est en 3500 avant notre ère et qu'à cette époque, la perspective n'était pas encore totalement maîtrisée.

5 août 2015

Université à vendre : extrait de "Amphi réalité" en vente chez tout bon libraire

Les universités françaises sont dans un tel état de délabrement qu'il ne reste plus d'autre choix que de les vendre. Si toutefois on trouve des acheteurs. Imaginons donc tel président d'université qui a mis son établissement en vente. Mais voilà, malgré une douzaine de visites, quelques fonds de pension américains, deux investisseurs qataris, pas la moindre offre, et ça fait plus de six mois que ça dure. La solution ? Le juste prix, bien sûr mais aussi valoriser son établissement, donner envie à l'acheteur, provoquer le coup de coeur en osant le « university staging ».

Mais vous me direz, c'est quoi le university staging ? Il s'agit de faire quelques menus travaux pour que l'acheteur potentiel puisse se projeter, investir les lieux, en un mot, se sentir chez lui. Evidemment, notre fameux président n'a pas une thune, il a même quelquefois des dettes, il ne s'agit donc pas de se ruiner mais juste de faire quelques menues dépenses surtout pour en mettre plein la vue ou se débarrasser de quelque défaut par trop criant. Par exemple, vu sur le tumblr « Ruines d'universités » :

« A Nanterre il y a des rats en pleine journée dans le campus ! Depuis septembre l’université n’embauche plus d’entreprise de dératisation. Et si le service public s’en occupait ? » #UniversitéEnRuines.

Très mauvais ça, le président de Nanterre ne connait visiblement pas le university staging. Il faut dé-ra-ti-ser. Puisqu'on est dans le registre des nuisibles, il faut aussi désinsectiser. Désamianter ? Non, trop cher. Par contre, on peut, le cas échéant désyndicaliser, c'est bon ça pour le fonds de pension américain et aussi pour l'investisseur qatari. Virez moi l'UNEF, le SNESup et autre SNPTES ! C'est comme la commode kitsch ou le salon rustique de la grand-mère, complètement has been et beaucoup trop chargé. C'est lourdingue tout ça, faut virer ! C'est comme ces souvenirs personnels, l'écran crevé pendant les manifestations de mai 68, ces tables gravées au cutter avec amour par des générations d'étudiants. D'accord, ce sont autant de souvenirs émus auxquels le président tient comme à sa classe exceptionnelle mais ça n'évoque rien à l'acheteur potentiel. Faut des lignes épurées et une déco neutre et tendance que notre acquéreur peut calculer, quoi. Allez, vous me virez l'écran crevé et vous le remplacez par un tableau blanc interactif, vous y foutez quelques ordinateurs et on n'en parle plus.

Après avoir viré les nuisibles, arrangé les locaux et autres équipements, il faut aussi s'occuper un peu de l'offre de formation. Vous avez une première année commune aux études de santé (PACES) ? C'est bon ça ! C'est la première destination des bacheliers qui s'y ruent à hauteur de presque 20 % des lauréats du bac. C'est un peu comme des combles aménageables. La plupart des acquéreurs n'en feront jamais rien, mais c'est un des plus puissants arguments de vente pour fourguer un produit toxique. Dans l'offre de formation aussi, le university staging peut être d'une redoutable efficacité. Vous avez licence et master de mathématiques ? Oubliez ! C'est pas vendeur du tout, comme la soupière de la grand-mère qui trône sur la table rustique de la salle à manger, complètement daté ! Non, appelez ça plutôt, « Data sciences ». Si vous pouvez y mettre développement durable ou quelque chose comme ça, c'est tout bon. Tiens, vous avez un diplôme de génie thermique qui ne recrute plus personne depuis presque quinze ans ? Vous m'appelez ça « Efficacité énergétique » et le tour est joué.

Vous êtes sceptique ? Vous ne me croyez pas ? Et pourtant, ça marche. Tiens, prenez par exemple, Matthieu Gallet, président-directeur général de Radio France. Le mec, il a tout compris en matière de Radio France staging. Par définition, une radio, tu l'écoutes, tu la regardes pas. Lui, il a bien compris qu'il faut y mettre tout l'argent dans le seul espace susceptible d'être visité par l'acheteur potentiel, c'est à dire, son bureau ! 100 000 euros de menues dépenses de Radio France staging !

Si avec ça, vous n’êtes pas convaincu ! Tiens, pendant que j'y suis, comme je quitte mes fonctions de directeur de département dans quelques mois, faut aussi que je pense à faire mon office staging. Je vais renouveler les cartons plaqués à la fenêtre pour obturer les vitres fendues (gratuit chez Leader Price) et changer le chauffage soufflant électrique (34,90 euros chez Leroy-Merlin). Si avec ça, j'obtiens pas une offre intéressante...

2 août 2015

Silex and the university (extrait de "Amphi réalité")

mamoocs

8 juillet 2015

Amphi réalité en vente

"Amphi réalité", le guide de survie dans l'enseignement supérieur, tant pour les futurs étudiants que pour leurs professeurs désabusés, est enfin en vente :

http://jepubliemonlivre.chapitre.com/nouvelles/2454-amphi-realite-eddie-smigiel-9791029003202.html

Pour ne pas bronzer idiot, achetez "Amphi réalité" !

amphi-realite-eddie-smigiel

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  • La vie quotidienne d'un enseignant-chercheur dans une école d'ingénieurs. Ses amis, ses amours, ses emmerdes… Un regard porté avec humour sur le monde de l'enseignement supérieur, du rapport avec les étudiants aux angoisses du chercheur, tout y passe.
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